[ANALYSE]
Les Animaux Fantastiques : Une saga dans la tourmente.
Partie 4 : Déclin et problématique scénaristique
Attention Spoiler : Ne pas lire l’article si vous n’avez pas encore vu le dernier opus.
Comme nous l’avons vu précédemment, les Animaux Fantastiques sont un prequel d’Harry Potter, dont l’histoire nous permet d’en apprendre plus sur ces créatures merveilleuses, mais aussi sur Gellert Grindelwald et Dumbledore.
Or cette saga a soulevé de nombreuses polémiques notamment sur des incohérences liées à l’histoire originelle, mais également sur la distribution en elle-même. Par ailleurs, elle a subi de plein fouet l’épidémie de Covid qui s’est abattu sur la sphère moldue et elle a donc aussi eu un retard important dans sa conception, notamment pour le 3e opus.
Mais face à tout ceci, découvrons dès à présent les raisons d’un déclin d’intérêt pour cette saga qui pourtant était attractive de part l’histoire annoncée.
Les trois opus ont été réalisés par le brillant David Yates, qui fut le réalisateur des quatres derniers opus d’Harry Potter. Il est spécialisé dans le traitement de sujets graves tels que la corruption, la manipulation mais aussi dans les diverses intrigues institutionnelles, soit des sujets difficiles à porter à l’écran (2-3-4) . C’est un réalisateur qui va mettre en scène de façon la plus réelle possible ces sujets importants afin de les coller à la réalité, d’où une impression d’image en couleurs plus terne afin de retranscrire une gravité dans l’histoire. Cependant, cette réalisation bien trop sombre a peut-être joué un rôle dans le désengouement de la franchise.
Une histoire décousue, incohérente, sombre et trop sérieuse ? (1-5)
Les Animaux Fantastiques sont des films sortis entre novembre 2016 et avril 2022, l’histoire en elle-même est originale et permet à son auteure, J.K Rowling de nous faire découvrir la communauté magique sur un autre continent, un autre pays, une autre ville que celle de la saga originale (l’Amérique puis l’Europe). L’histoire se situe également à une autre époque (des années 20 aux années 40) et possède un personnage principal à contre courant (Norbert Dragonneau) joué par l’excellent Eddie Redmayne, auréolé de l’Oscar du meilleur acteur. Par ailleurs, le synopsis et le titre de la saga mettent en avant des créatures magiques que nous avons admiré tout au long de la saga Harry Potter, ou que l’on ne connaissait pas et que l’on a à l’écran.
De ses trois films, le spectateur découvre des personnages qui ne sont pas des enfants qui vont évoluer et grandir avec l’histoire, comme dans Harry Potter, mais bien des adultes ayant leur soucis d’adultes. Cela amène dès le premier opus une gravité scénaristique de la situation, même si certains passages sont très amusants (comme les aventures du Niffleur et du Botruc). Le bémol serait le manque de magie présent dans les films, même si le premier est plus “fournis” que les deux autres. En effet la communauté des sorciers ne souhaite pas faire de vague, et ceci est plus prononcé dans les Animaux Fantastiques que Harry Potter. En effet, moldus et sorciers ne peuvent se marier entre eux par exemple. Il y a beaucoup de dialogues et d’interactions entre les personnages, mais peu utilisent réellement des sortilèges et enchantements puissants.
Dans le premier opus : Les Animaux Fantastiques, le fil conducteur qui est un peu léger à son commencement. C’est l’histoire d’un sorcier qui arrive à New York avec une valise remplit de créatures magiques, pour en relâcher une qu’il a sauvée. Cependant suite à des événements inattendus il va devoir retrouver celles qui lui ont échappé et aussi déjoué une menace grandissante.
Ce synopsis premier va faire apparaître une autre histoire un peu plus dense et plus intéressante, comme aime si bien mettre en place J.K Rowling :
celle de Gellert Grindelwald joué successivement par Johnny Depp (et Mads Mikkelsen dans le 3e opus). Elle annonce la montée en puissance de celui-ci tout au long des deux autres films..
L’histoire de ce premier film est un peu plus sombre qu’il n’y paraît et fait apparaître une lourdeur et une lenteur dans le déroulement de l’intrigue qui a du mal à se montrer au spectateur, puisqu’il faudra attendre les dernières minutes du film pour en comprendre le sens, avec l’arrestation de Grindelwald. L’histoire se veut moins magique aussi même s’il y a quelques passages avec une baguette et les créatures magiques, les sorts et enchantement sont peu représentés. Il faudra aussi attendre la toute fin pour découvrir la puissance de la magie.
Le spectateur quitte donc Poudlard et découvre une autre facette du monde, plus mature, plus adulte, plus noire, plus sombre. Cette facette et mise en scène sera la même tout au long des deux autres opus créant peut-être trop de dialogues au détriment de l’agissement des personnages.
Dans le second opus, les crimes de Grindelwald, le spectateur s’attend à découvrir la puissance de ce sorcier détenteur de la baguette emblématique de la saga Harry Potter : la baguette de Sureau, première relique du conte des trois frères de Beedle le Barde. Nous nous attendons donc à en savoir plus sur les moyens et la façon qu’il a eu de l’obtenir, pourquoi, comment, où ?
De par le titre, il aurait été aussi intéressant d’assister à ses crimes, et mauvais agissements, à l’époque où se déroule le film ou bien avant son arrivée sur le sol New Yorkais. Même si au départ, le film commence avec une évasion spectaculaire de ce sorcier puissant et un assassinat d’une famille de moldus, démontrant toute la noirceur de l’antagoniste, l’intrigue est soudainement reportée sur la famille Lestrange, et un secret inavouable. Elle met aussi l’accent sur Croyance (Ezra Miller) et son histoire personnelle d’enfant ayant été échangée lors du naufrage probable du Titanic et le pacte de sang fait entre Dumbledore et Grindelwald. Par ailleurs, l’auteure soulève de façon confuse et pas forcément assumée qu’ils furent amoureux dans un lointain passé, créant ainsi colère, incompréhension mais aussi incohérence parce que l’on connaissait Albus Dumbledore. Ce second opus, nous permet de rencontrer également Nicolas Flamel, le célèbre créateur de la pierre Philosophale. Il apparaît vieillissant, mais toujours très puissant. Le personnage n’est pas beaucoup exploité, ce qui aurait été peut-être intéressant. De même le retour à Poudlard des protagonistes fut si rapide que la joie de retrouver un lieu mythique fut de très courte durée.
Le troisième opus, les secret de Dumbledore met en scène le très ambigu, controversé et emblématique Albus Dumbledore joué par Jude Law, en présentant un Dumbledore jeune, bien différent physiquement de celui que nous rencontrons dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé quand il rencontre Tom Jedusor à l’orphelinat. (6) Du titre nous nous attendons à découvrir des secrets inavouables non révélés par le passé, expliquant qui il est réellement… et pourquoi il fut un très grand sorcier.
Cependant, l’auteure crée une histoire se révélant être les prémices de l’armée de Dumbledore que nous connaissons dans Harry Potter, puisqu’il se rend compte qu’avec la montée en puissance de Grindelwald le monde va à sa perte. Tout comme dans Harry Potter, un groupe de sorcier va se rebeller, et tout comme dans la saga Harry Potter, Dumbledore va en être l’instigateur qui va les conduire à cette rébellion.
Par ailleurs, l’auteure tente de créer une justification de la relation entre Dumbledore et Grindelwald, soulevée dans le second opus, sans l’expliquer en profondeur ni même lui donner de la cohérence. Ce manque de justification ne permet pas à chaque spectateur d’adhérer complètement à ce lien indéfectible qui s’est créé entre eux (durée de 6 secondes sur le film au travers de 2 répliques) .
Il est vrai aussi que l’histoire complexe du monde d’Harry Potter, sur les sept livres et les 8 films de la saga, ne présente pas Dumbledore comme ayant été très lié avec Grindelwald émotionnellement, autrement qu’en étant des amis adhérents à un même projet, un même objectif.
Enfin, les secrets tant attendus sur Dumbledore n’en sont pas vraiment. On n’apprend rien de plus sur Ariana, sa sœur et sa mort, à part peut-être qu’elle aurait été comme Croyance un Obscurial, que Dumbledore et Grindelwald se sont aimés et que le seul secret réellement dévoilé concerne Croyance qui serait le fils caché d’Abelforth, le frère d’Albus. Celui-ci se meurt dans le 3e film, alors qu’il était très puissant dans le second opus créant un paradoxe avec l’histoire soulevée dans le second et le troisième, où Grindelwald annonçait que Croyance était en fait le frère d’Albus.
Au final, ce dernier film pourrait se suffire à lui-même puisqu’il conclut, assez succinctement à l’histoire qui pourrait s’arrêter là. Même si des invraisemblances subsistent, même si le combat tant attendu entre Dumbledore et Grindelwald ne vient pas, et ne nous montre pas comment le premier remporte la baguette de Sureau, qu’il réussit, tout de même, à se défaire de son pacte de sang qui le lie à Grindelwald.
Conclusion :
Il est alors difficile de comprendre la mise en scène sombre, les titres qui ne sont pas forcément adaptés ou juste conçus pour créer un intérêt important à l’histoire, ou un engouement.
L’intrigue est lente, elle peine à décoller, à cause des dialogues parfois interminables qui manquent de dynamisme et n’apportent pas de réelles réponses aux spectateurs qui restent un peu perdus dans tout le brouhaha de supposition faits par l’auteure. La magie manque également beaucoup, elle est trop peu présente par rapport à la saga originelle.
Aimer ou ne pas aimer le film n’est pas ce que l’on ressent au premier abord, c’est le manque de cohérence, qui rend perplexe le spectateur et le déçoit.
Mais ceci n’est qu’un infime problème liée à cette saga originale qui avait pourtant toutes les clés pour faire découvrir ou redécouvrir le monde magique de J. K Rowling.
Dans un dernier article nous vous présenterons donc les raisons pour lesquelles cette saga a aussi été impactée par les problèmes liés au cast en lui-même. Puis nous tenterons de soulever des hypothèses pour savoir comment la Warner et J.K Rowling peuvent redonner de l’engouement pour la saga autour de l’univers Harry Potter.
Emma, Plumette de la Plume de Poudlard
Sources :
6- Harry Potter et le prince de sang mêlé, filmographie 2009