Interview exclusive de Elisabeth Laneyrie, autrice de : La Mort à l’école de Harry Potter.

Interview exclusive de Elisabeth Laneyrie, autrice de : La Mort à l’école de Harry Potter.

[CRITIQUE LITTÉRAIRE]

La Mort à l’école de Harry Potter. La spiritualité dans l’oeuvre de J.K. Rowling

Alors oui ! Nous savons ce que vous allez nous dire : pourquoi avons-nous besoin de plomber l’ambiance avec un sujet aussi morbide ? Et nous vous répondrons simplement : « Allô quoi ! On parle quand même de Harry Potter, ici ! » Or, s’il existe bien un thème qui est omniprésent dans la saga de J.K. Rowling, c’est bien la mort, non ?! Elle constitue même l’un des principaux vecteurs narratifs du récit potterien.

Certes, Harry Potter, c’est l’histoire d’actes héroïques, de preuves de bravoure, de marques d’amour, de liens d’amitié, de solidarités et de questionnements identitaires, mais justement ! tous ces thèmes ont ceci de commun qu’ils naissent d’un même constat : « Nous allons tous mourir ! » Élisabeth Laneyrie nous dit d’ailleurs que c’est notre seule certitude sur notre l’avenir.

Dans notre société occidentale, la mort est progressivement devenue le tabou ultime. Pourtant, nous ne cessons pas d’y penser. La mort nous concerne tous en tant qu’être vivant. Nous n’osons pourtant pas en parler, et si nous le faisons, c’est majoritairement pour la caricaturer, la ridiculiser, comme pour chercher à s’exorciser de nos peurs.

Aussi, le voyage littéraire que nous vous proposons aujourd’hui est le très intéressant ouvrage de Élisabeth Laneyrie « La Mort à l’école de Harry Potter » publié aux éditions Maïa. Il s’agit d’une agréable découverte, un livre très intimiste, un tête-à-tête avec l’auteure qui nous parle de son expérience Harry Potter avec sincérité et simplicité. L’écriture de Laneyrie est fluide et balance entre l’humour, la légèreté et le ton grave ainsi que la profondeur indispensable au traitement d’un tel sujet. Elle parvient à trouver un juste équilibre entre le discours concret et la réflexion philosophique et métaphysique.

Vaste sujet donc, si vaste que selon le philosophe Montaigne, la mort serait à l’origine de toute philosophie, car philosopher, nous dit-il, c’est apprendre à mourir.

Aussi, Laneyrie nous fait découvrir la richesse philosophique qui imprègne en profondeur l’œuvre de J.K. Rowling. Elle décrit comment la saga Harry Potter s’inscrit dans une tradition spirituelle vieille de plusieurs millénaires, car aborder la question de la mort, c’est entrer dans le domaine de la spiritualité.

L’attitude de chaque être vivant face à la finitude de toute chose est à la base d’une philosophie de la mort, mais aussi de la vie. Paradoxe, car la mort apparaît de prime abord comme la négation, ou du moins, la cessation de la vie. Cette philosophie de la mort enseigne pourtant à cultiver la lumière, qui est source d’espoir et de vie, pour la transmettre et ainsi atteindre l’éternité à travers le rayonnement des actes lumineux.

La saga Harry Potter n’est donc pas aussi morbide qu’elle n’y paraît, car elle véhicule des valeurs indispensables pour faire société telles que l’amour, l’amitié, la compassion et le don de soi. En effet, lorsque Harry découvre qu’il est en possession des Reliques de la Mort, plutôt que de s’enorgueillir, il parvient à dissiper en lui cette angoisse existentielle, cause de nombreux maux de la société moderne, en acceptant sa mort pour sauver la vie de ceux qu’il aime.

Sans oublier que le sort préféré de Harry est, comme le souligne Laneyrie, « Expelliarmus », le sort de désarmement. Harry ne tue jamais un adversaire. Il est rare de rencontrer un héros plus respectueux de la vie ! Il s’agit là d’une belle leçon de vie qui continue encore aujourd’hui à nourrir les espoirs et accompagne des milliers de lecteurs partout dans le monde dans les affres de la vie, dans le deuil ou l’angoisse de vivre.

À l’inverse, Voldemort personnifie la tentative de soumettre la vie, et surtout la mort, en quête d’autosuffisance absolue. Voldemort n’a besoin de personne. Il n’a pas d’ami, pas de famille, pas d’attache. Il ne se construit pas dans l’altérité, mais dans l’arrogance de la suffisance. Pourtant, accepter la dépendance est une des plus vieilles leçons de l’humanité, nous rappelle Laneyrie. Voldemort, dont le corps reflète la ruine de son âme, a-t-il seulement accepté de vivre en refusant de mourir ?

Mais avant de prononcer la sentence mortelle sur ce personnage abject, rappelons-nous que Voldemort n’est que le reflet de nos sociétés et que son abjection n’est que le miroir de nos propres peurs. C’est pourquoi Harry, qui l’a bien compris, offre une ultime chance à Tom Jedusor de faire preuve d’humanité en éprouvant du remords.

Et vous, aurez-vous le courage de vous regarder dans le miroir et d’oser reconnaître ce pauvre orphelin esseulé qui loge en votre cœur, ce Tom Jedusor terrorisé face à l’éternité. Parviendrez-vous à vous pardonner vous-même cette faiblesse inhérente à la nature humaine, cette peur qui fait de vous des êtres humains ? Parviendrez-vous à faire preuve d’humilité face à l’inexplicable de la mort ?

Moony, Plume de La Plume de Poudlard

Titre : La Mort à l’école de Harry Potter
Auteur : Laneyrie Elisabeth
Maison d’édition : Edition Maïa, Paris
Catégorie : Livre d’exégèse
Durée : 98 pp
Année : 2020
Langue : Français
Note de la rédaction : 8/10

En quelques mots : « La Mort à l’école de Harry Potter » est le fruit d’un long travail de recherche et de réflexion sur la spiritualité dans l’œuvre de J.K. Rowling. Élisabeth Laneyrie parvient à aborder l’indicible avec rigueur et à l’exprimer avec justesse et simplicité.

Où commander ce livre ? https://bit.ly/la-mort-dans-harry-potter

Interview exclusive d’Elisabeth Laneyrie sur la chaîne secondaire de La Plume de Poudlard : Lumos pour un Moldu, animée par Moony :

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