Numéro deux, l’enfant qui n’a pas incarné Harry Potter

Numéro deux, l’enfant qui n’a pas incarné Harry Potter

[ROMAN PSYCHOLOGIQUE]

 

Numéro deux, l’enfant qui n’a pas incarné Harry Potter

 

Qui n’a pas un jour rêvé d’incarner son héros préféré à l’écran ? Ce rêve allait pouvoir être réalité pour les Potterheads britanniques de la première génération qui avaient 11 ans en 1999. Harry Potter, le roman à succès mondial connaîtra bientôt une adaptation cinématographique. C’est l’heure des castings pour débusquer les perles rares qui incarneront les personnages de l’œuvre littéraire de JK Rowling. Certaines se voyaient déjà incarner Hermione ou Ginny, et d’autres se voyaient en Ron, Drago ou encore les jumeaux Weasley. Et si certains personnages tels que celui de Neville n’étaient pas ambitionnés, il en est un que tous les enfants convoitaient sans oser l’espérer. Il s’agissait bien évidemment du premier rôle, celui d’Harry.

 

Et pourtant, il fallait bien attribuer ce rôle à un enfant, ce qui allait bouleverser à tout jamais l’existence du jeune acteur qui aura l’honneur d’être choisi. Quelle grande responsabilité de la part des producteurs ! Ils ont le pouvoir de changer radicalement la vie d’un petit enfant, le propulsant en un clin d’œil dans les hautes sphères du show-business. Et si les chroniques et les revues peoples se chargent de nous rappeler quotidiennement que ce succès planétaire a transformé la vie du petit Daniel Radcliffe, l’identifiant désormais comme le visage de Harry Potter, l’histoire oublie très souvent de souligner cette autre vie qui a changé du tout au tout lors des premiers castings. Celui qui n’a pas été choisi.

 

Car le choix fut cornélien. Celui-ci s’était resserré sur deux enfants : Daniel ou Martin. La tension était à son comble. Pourtant, seul un connaîtra une reconnaissance internationale tandis que l’autre tombera dans l’oubli, relégué à jamais au rang de « Numéro deux ».

 

C’est avec un talent certain et une grande justesse que David Foenkinos nous dépeint la vie de Martin Hill, l’enfant qui, contrairement au héros d’Harry Potter, n’a pas été élu. Même s’il convient dès à présent de préciser qu’il s’agit d’une pure fiction, le roman psychologique Numéro deux est une parenthèse douce-amère qui emprunte à la communauté rassemblée autour de la saga Harry Potter un cadre narratif propice à l’introspection des laissés pour compte et des vocations manquées. Chaque page de ce magnifique roman tente de décrire avec simplicité comment une succession d’événements sans lien, mettant en scène des personnes en apparence sans influence, aboutissent à la construction de la grande histoire que nous connaissons, et comment le contexte d’un événement est parfois plus important que l’événement lui-même.

 

Ce livre nous emporte dans un voyage en compagnie de personnages profondément humains dans le but de sonder les cœurs et les espoirs de simples gens, tous plus singuliers et à la fois banals les uns que les autres, dans un monde où le hasard ne fait pas toujours bien les choses. David Foenkinos nous rappelle que nous sommes tous des êtres uniques qui nous fondons dans une toile uniforme et que, si certains bénéficient d’un éclairage médiatique hors-norme, tout n’est en fin de compte qu’apparences. Nous sommes tous imprégnés d’espoirs déçus et d’aspirations illusoires.

 

La plume de David Foenkinos nous fait vibrer et nous émeut à travers un récit qui mêle réalité et fiction. Il nous raconte la simple histoire de ces destins croisés qui aboutissent à la description nue et sans artifice de la vie de Martin Hill, fils d’un artiste raté, accessoiriste sur les plateaux de tournage et d’une journaliste frustrée et désabusée. Le langage est simple et l’auteur ne rentre pas dans d’abyssales et extravagantes considérations spéculatives. Le livre se lit d’une traite sans que nous ne puissions lever notre nez des pages.

 

Numéro deux est d’ores et déjà un classique, cela se ressent dès la lecture du tout premier paragraphe. Véritable drame psychologique, ce livre parfois léger, mais toujours révoltant, nous fait plonger dans les méandres de la psyché humaine, bousculée par les vicissitudes de l’existence. David Foenkinos tente, entre autres choses, de nous avertir sur le danger que représente l’attrait de la célébrité sur de jeunes esprits et l’impact de l’industrie du cinéma sur la jeunesse. 

 

Il s’agit d’un roman incontestablement original qui aborde l’univers Potterhead sous un angle encore jamais exploré : faire le récit fictif d’un enfant qui n’a pas incarné Harry Potter. Nous nous laissons aisément emporter par le génie de l’auteur et acceptons sans rougir l’existence vraisemblable, et pourtant fictive, de ce jeune Martin qui nous fait tant de peine. Après tout, s’il nous émeut à ce point, n’est pas parce qu’au fond de notre cœur, nous nous reconnaissons en cet enfant bercé d’illusions qui fut dupé par les aléas de la vie ?

 

Moony, Plume de La Plume de Poudlard

 

Titre : Numéro deux

Auteur : David Foenkinos

Maison d’édition : Gallimard, Paris

Catégorie : Roman

Durée : 236 pp

Année : 2021

Langue : Français

Lien : https://bit.ly/3IaTiAV 

 

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