[CRITIQUE LITTÉRAIRE]
Mashle, un manga sur l’univers magique de Rowling ?
L’idée avait souvent été mentionnée parmi les fans du Wizarding World et de la pop-culture japonaise, c’est aujourd’hui devenu une réalité. Dorénavant, lorsque vous entendrez poser la question : à quand un manga dans l’univers d’Harry Potter ? ; vous pourrez répondre : Maintenant !!!
En effet, Kajime Komoto, jeune mangaka, s’est lancé dans la folle aventure de l’écriture d’un shōnen avec Mashle, et il fait fort pour sa première création. Déjà un succès au japon, la série est désormais disponible en français chez les éditions Kazé. Les deux premiers tomes sont actuellement disponibles en France et le troisième est déjà en précommande pour le 02 juin 2021.
L’originalité de Mashle ? L’ombre du Wizarding World qui plane à chaque page. L’omniprésence de l’univers magique imaginé par Rowling n’aura en effet échappé à aucun fan. Elle est entièrement assumée par le jeune mangaka.
Nous suivons les pas de Mash Burnedead, un jeune orphelin recueilli par un vieil homme casanier, Regro Burnedead, qui vit à l’écart de la société dans une cabane au fond des bois. La particularité de Mash ? Il n’a pas de pouvoir magique. Or, il vit dans un monde où la magie est roi. Toutes les classes sociales sont régies par l’habileté des hommes à pratiquer la magie. Les personnes dépourvues de mana sont purement et simplement punies de mort.
Ainsi, dans cette société dystopique, Mash semble voué à l’exil éternel. Mais c’est sans compter sur son talent caché : son immense force physique qui dépasse l’entendement. C’est alors que Mash se confronte à l’autorité musclée de ce régime totalitaire et, à la stupéfaction de tout le monde, sa force physique l’emporte sur les sortilèges des plus grands sorciers. S’ouvre alors pour Mash une perspective nouvelle : intégrer la prestigieuse et élitiste académie de magie d’Easton pour devenir le meilleur élève, l’Élu divin.
Mashle nous montre à voir une société terrifiante dans laquelle les doctrines du Sang-Pur l’emportent sur la tolérance et l’harmonie entre les hommes, comme si le postulat de Kajime Komoto était d’imaginer le monde de Rowling si Voldemort l’avait emporté sur Dumbledore.
Le Fan d’Harry Potter ne sera pas trop dépaysé en lisant Mashle, car, en plus d’y retrouver la célèbre école de magie ainsi que la cabane dans les bois de notre garde-chasse préféré, il y retrouvera également des imitations parodiques de personnages emblématiques tels que le directeur Dumbledore (à travers Wahlberg), le professeur McGonagall, Drago Malefoy, Hermione Granger, Olivier Dubois, mais aussi les différents cours comme Sortilèges, Enchantements ou encore Potions, sans oublier l’emblématique sport des sorciers : le Quidditch (nommé ici le Duelo). Si évidemment, les noms et personnages ne sont pas clairement associés à leurs homologues britanniques, les références n’en sont pas moins assumées.
Nous pouvons cependant nous navrer de constater que l’axiome de l’auteur — celui de faire intégrer à la prestigieuse académie de magie un enfant dépourvu de pouvoirs magiques —, même s’il semble être une idée originale pour combattre la discrimination sociale, engendre toutefois des scènes qui sont principalement centrées sur la violence. En effet, la seule réponse qui semble possible contre l’intolérance décrite par l’auteur ne serait autre que la force physique et l’impétuosité. Paradoxal, vous ne trouvez pas ?
Par ailleurs, l’auteur intègre dans son œuvre de nombreuses références à la mythologie et à la spiritualité (tels que le labyrinthe, les sphinx, les énigmes, les invocations d’esprits de la nature…) auxquelles l’unique répartie de Mash semble n’être que… ses muscles et ses poings. Prenons comme exemple cette réplique des plus éloquentes de Mash adressée au directeur de l’académie de magie, Wahlberg (qui est l’équivalent du professeur Dumbledore) : “ Si je devais un jour vous affronter […] Je vous referais le portrait à la force de mes poings !” ; réplique à laquelle le directeur répond positivement en validant son admission à l’académie. Nous sommes en droit de nous interroger sur les valeurs que prône cette œuvre de fiction.
Néanmoins, en dehors de cette observation — qui semble aller en adéquation avec l’univers de la pop-culture japonaise (le série Dragon Ball ne semblait-elle pas violente pour nos parents ?) — il s’agit véritablement d’une œuvre originale et inédite que les Potterheads pourront apprécier, à juste titre. Mashle renverse tous les codes et conventions à travers son personnage décalé et anticonformiste. En cela, Mashle est une leçon contre l’aliénation sociale, politique et culturelle.
N’hésitez pas à nous faire part de votre ressenti si vous avez lu les premiers tomes. Vous laisserez vous emporter par cet univers déroutant ?!
Adrien & Moony, de La Plume de Poudlard
Komoto Hajime, Mashle, Paris, Edition Kazé, 2021.
Titre : Mashle
Auteurs : Komoto Hajime
Maison d’édition : Éditions Kazé, Paris
Catégorie : Shōnen manga, série
Durée : +- 220 pp
Année : débute en 2021 – en cours de publication
Langue : Français
Note de la rédaction : 6/10
En quelques mots : Le Fan d’Harry Potter ne sera pas trop dépaysé en lisant Mashle, car il y retrouvera la célèbre école de magie, des personnages emblématiques tels que le directeur Dumbledore, le professeur McGonagall, Drago Malefoy, les différents cours comme Sortilèges, Enchantements ou encore Potions, sans oublier l’emblématique sport des sorciers : le Quidditch. Malgré un goût douteux pour la violence et l’encouragement de la loi du plus fort, Mashle renverse tous les codes et conventions à travers un personnage décalé et anticonformiste. En cela, Mashle est une leçon contre l’aliénation sociale, politique et culturelle.
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