[ANALYSE]
Les symboles dans Harry Potter, Fumseck, le phénix
Le phénix, cet oiseau fabuleux auquel les Anciens prêtent le pouvoir de régénération après un processus d’auto-combustion constitue l’un des symboles piliers de la saga Harry Potter ! Cette créature incarne l’idée d’un supplice incandescent, mortel et purificateur par lequel l’être est consumé par son feu intérieur suivi aussitôt d’une renaissance. Il traduit donc le principe de régénération (aussi connu comme le concept de palingénésie). Cet oiseau symbolise, certes la réincarnation, mais aussi le lien étroit entre la vie et la mort, car s’il meurt, c’ est pour vivre. La mort devient, non plus une fin en soi, mais un recommencement. Car c’est en acceptant la mort que la vie peut s’épanouir.
La capacité du phénix à se régénérer symbolise, dans la saga Harry Potter, la résistance du bien contre le mal, notamment à travers l’organisation de l’Ordre du Phénix dont l’oiseau constitue l’emblème. Cet oiseau flamboyant est la lumière qui interrompt l’obscurité. Une rivalité certaine est ainsi présente dans le récit potterien : celle qui oppose le phénix au serpent. On pourrait presque en faire une fable, non ? Fumseck, le phénix de Dumbledore, opposé au Basilic (et on ne parle pas ici de la plante aromatique ^^), répondant aux ordres du Seigneur des Ténèbres.
Cependant, une chose bien étrange vient ébranler cette opposition manichéenne : le phénix, qui incarne l’image du bien absolu, est également associé au mage noir le plus puissant de l’univers potteresque ! Oui oui, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a bien un lien avec la légendaire créature. On apprend lors de notre première virée shopping au chemin de traverse que Harry et Voldemort ont tous deux des baguettes jumelles, et celles-ci ont un cœur en plumes de phénix. Oui et alors ?, nous direz-vous ! Il y en a bien d’autres? Certes, mais les plumes que contiennent leurs baguettes sont les seules jamais prélevées sur ce même phénix, qui n’est autre que : Fumseck. Coïncidence ??…Nous ne le croyons pas !
Renaître de ses cendres tel un phénix. Cette idée tout feu tout flamme placerait le feu comme l’élément représentant la puissance. Dans plusieurs cultures, mythes et légendes diverses — traversant tous les continents et les peuples —, le feu est une puissance céleste, voire même divine. Tout comme l’eau. L’idée du Phénix qui renaît de ses cendres après avoir flamboyé rend cette créature noble et merveilleuse. On peut également remarquer que les éléments du feu et de l’eau sont tous deux représentés lors du combat entre Dumbledore et Voldemort durant la bataille du ministère, par exemple. Ou encore lorsque Dumbledore sauve sa propre vie et celle d’Harry dans le lac de la caverne où se trouvait le faux médaillon de Salazar Serpentard.
Le phénix représente le feu et le serpent l’élément de l’eau. Ces deux éléments se confrontent. L’un représentant le bon côté de la force (l’Ordre valeureux et noble des Jedis), celle qui illumine et réchauffe — parfois même qui consume —, et l’autre le côté plus obscur et hermétique (l’Ordre Sith) — qui immerge et cache à la vue —, mais indispensable pour une ablution et une purification. On se rappelle tous de Fumseck crevant les yeux du Basilic dans la Chambre des Secrets (se trouvant alors… dans les fondations du château, sous le lac, en passant par les toilettes des filles).
Notons également que selon la légende, aucune existence de cet oiseau mythique ne fut inférieure à cinq cents ans. Cela signifie que la combustion du phénix qui survient dans le deuxième opus de la saga constitue inéluctablement un événement symbolique significatif. La mort et la renaissance du phénix est donc un événement inaugurant une ère nouvelle, elle est synonyme de renouveau et de changement. Ainsi, la combustion de Fumseck dans le bureau du directeur dans le deuxième tome n’est pas un hasard lorsque l’on sait que le retour du Seigneur des Ténèbres est pour bientôt, annonçant une période de transition mouvementée.
Enfin, les lamentations du phénix à la mort du directeur dans le 6ème opus de la saga mettent en exergue la relation fusionnelle entre le phénix et son maître ; en l’occurrence Fumseck et Dumbledore. Harry est alors tiraillé entre plusieurs sentiments contradictoires — entre la peine et l’apaisement — sous l’action du chant merveilleux de l’oiseau. Ce passage porte une forte symbolique, car le chant de deuil de Fumseck fait directement référence à la légende antique du chant du cygne. Les philosophes antiques aimaient à penser que le cygne, devinant sa mort proche, fait entendre un chant merveilleux exprimant sa joie de savoir son âme bientôt délivrée. Cette image exprime avec justesse et sagesse l’attitude d’humilité et de sérénité que doit adopter le philosophe face au deuil et à la mort.
Le héros de la saga est lui aussi concerné par la symbolique du phénix (au-delà de l’ingrédient de sa baguette magique). En effet, dans le dernier opus, Harry se rend dans la forêt interdite pour rejoindre sa funeste destinée… Il trouve la mort, certes, mais comme le phénix, il s’en relève et accomplit la mission qui lui est destinée : réduire le Seigneur des Ténèbres à un sombre souvenir !
Enfin, pour finir sur une note moins grave, petite anecdote de tournage : feu Richard Harris pensait au premier abord que l’oiseau articulé de Fumseck était un véritable oiseau, tant il avait l’air réel ! C’est pour dire comme l’équipe a merveilleusement reproduit la fantastique créature de feu 🔥 Et vous, avez-vous d’autres points essentiels ou non de la saga à associer au symbole du phénix ? Nous sommes curieux de les découvrir en commentaires…
Lyna & Moony, de La Plume de Poudlard
Texte de la vidéo : Bieck Jean Pierre Quentin, Harry Potter et le secret des alchimistes, L’Atelier d’axe, Paris, 2020.
Vidéo : Lumos pour un Moldu, HARRY POTTER – Guide symbolique à l’usage des Moldus #12 – Le Phénix, Youtube, 2020.
Lien du livre : https://amzn.to/3mUAvAa
