[ANALYSE]
Les Animaux Fantastiques : Une saga dans la tourmente.
Partie 3 : L’accueil du public
Attention Spoiler : Ne pas lire l’article si vous n’avez pas encore vu le dernier opus.
Après avoir analysé le personnage principal de cette saga, pourtant prometteuse de par son fil conducteur et mettant en place une histoire autour d’un univers que les fans d’Harry Potter apprécient, il convient de comprendre pourquoi cette saga n’a pas été plébiscitée comme celle qui l’a précédée.
Pour cela, analysons les trois films des Animaux Fantastiques et leur accueil par le public.
LES FILMS : Engouement ou Désaveux mondial ? (2-3-4-5)
Le premier film, Les Animaux Fantastiques (2), est sorti en novembre 2016. Il met en place l’histoire de Norbert Dragonneau et de ses Animaux Fantastiques qu’il emmène avec lui dans une valise magique.
Les Animaux Fantastiques y sont très bien représentés avec un panel de l’étendue de leur existence (Botruc, Niffleur, Démonzémerveille, l’Occamy, le Murlap…).
Norbert Dragonneau, magizoologiste, arrive en Amérique, pour relâcher en Arizona un oiseau tonnerre qu’il a sauvé dans un de ses précédents voyages.
A son arrivée, il va rencontrer des personnages charismatiques tels que le Moldu Jacob Kowalski, les sœurs Goldstein. Ceux-ci deviendront au fil des films des personnages importants. Ils évolueront également tout au long de cet univers pour apporter, au fil des films, une dimension plus mature, collant ainsi au fait que l’histoire est bien plus sombre que celle d’Harry Potter.
Mais ce premier opus nous présente aussi un antagoniste de renom, Gellert Grindelwald ainsi qu’un personnage à l’histoire secrète et au passé incertain : Croyance Bellebosse.
L’accueil du premier film est mitigé, peut-être à cause de la différence notable entre les deux univers, et d’un scénario qui a eu du mal à décoller jusqu’à la toute fin, où on découvre une partie du passé de Croyance, et qui est réellement Grindelwald. Il n’en reste pas moins, que les recettes mondiales ont été bonnes avec 814M€ pour 180M€ de budget même si aux Etats-Unis les recettes ont été nettement inférieures face au reste du monde. Il est donc légitime de dire que malgré un accueil un peu mitigé, le film fut toutefois apprécié dans l’ensemble par la communauté moldue.
Le second film : Les Animaux Fantastiques, les crimes de Grindelwald (3), est sorti en novembre 2018. L’histoire débute en 1927 et presente le célèbre mage Noir, Grindelwald qui est alors en prison. Le début du film est spectaculaire avec la mise en scène de l’évasion du célèbre sorcier, le mettant alors au centre de l’attention des spectateurs. Par ailleurs, Grindelwald est joué par Johnny Depp, un acteur de renommée internationale connu pour ses rôles à contre-courant et au jeu d’acteur particulier et magistral.
Le titre évocateur de ce fait, fait allusion aux méfaits que le celèbre mâge noir va accomplir, et il est normal de se demander alors quelle place vont avoir les créatures fantastiques dans cet opus.
Bien évidemment, Norbert Dragonneau et ses amis font leur retour, avec des créatures magiques impressionnantes telle que Zouwu, créature au centre de l’histoire, qui permettra à Norbert Dragonneau de ce sortir d’une mauvaise situation. Nous retrouvons les Sombral, les Botrucs, mais ces créatures restent en second plan, et même si elles sont importantes par moment pour l’histoire, elles ne sont considérées que secondaires.
La destinée et le passé de Croyance y sont en partie révélés à la fin du film, apportant et soulevant une problématique que nous aborderons dans un autre article. Les spectateurs ont le bonheur de rencontrer l’illustre Nicolas Flamel avec un aperçu rapide de la Pierre Philosophale. Et enfin, apparaît Dumbledore en beaucoup plus jeune.
L’accueil de ce second opus fut beaucoup plus mitigé que le premier avec des recettes s’élevant à 654 M€ pour un budget plus conséquent que le premier de 200 M€. Là encore l’aspect sérieux de l’histoire, qui est également un peu moins magique et épique que la saga originelle, donne un frein et une lenteur au film. L’histoire est parfois décousue ou pas aboutie ou mise en suspens selon les révélations apportées dans le film. Ces révélations font naître des critiques controversées, et de l’incompréhension chez les adeptes de la saga Harry Potter. Qui plus est, l’histoire peine en longueur, elle a du mal à décoller et les premières invraisemblances, frappantes ou burlesques avec l’histoire conçue par J.K Rowling des années auparavant apparaissent plus flagrantes encore du fait qu’aucune justification n’est apportée.
Le troisième film : Les Animaux Fantastiques, les secrets de Dumbledore (4) est sorti en avril 2022. Quand on analyse le titre du film, celui-ci annonce le fait que le spectateur va enfin avoir des réponses sur Dumbledore, sur ses secrets inavouables, soulevés ou non dans la saga originelle. Le titre évocateur permet au spectateur de retrouver en première ligne un personnage qui est aimé des Potterhead.
Par ailleurs, la polémique sur son “amour” pour Grindelwald, soulevée dans le précédent film, aurait pu être expliquée plus avant. Les spectateurs auraient ainsi pu savoir pourquoi Dumbledore aurait rejoint ce mage noir puissant plus jeune ? Pourquoi il l’aurait combattu ensuite et aurait ainsi remporté la fameuse Baguette de Sureau ? Pourquoi et comment sa sœur Ariana serait morte…?
L’histoire de cet opus débute dans les années 1930, les sorciers doivent élire leur dirigeant, mais la montée en puissance de Grindelwald, qui bien évidemment va tout faire pour être élu, inquiète le monde magique, car il a de nombreux partisans. Dumbledore, et Grindelwald sont liés par un pacte de sang, les empêchant de s’en prendre l’un à l’autre directement.
Les Animaux Fantastiques y sont moins bien représentés et moins mis en valeur. Certes, le spectateur rencontre le Qilin ; créature capable de lire dans l’âme de la personne et de choisir celle la plus digne de gouverner. Il retrouve Pickett, le niffleur qui a un nom : Teddy. Il rencontre un phénix (qui n’est pas Fumseck) qui accompagne un Croyance mourant et découvrant sa véritable identité.
L’histoire, comme les précédentes, traîne en longueur et incompréhensions. Le côté plus “mature” aussi de celle-ci, plus sombre encore, notamment dans les premières minutes du film, crée un décalage non négligeable avec la première saga. Certains faits sont tirés par les cheveux, comme par exemple la lignée de Croyance, le fait qu’un Moldu puisse aller à Poudlard, avoir une baguette, ou du moins ne sont pas assez expliqués pour être crédibles.
Les secrets de Dumbledore n’en sont pas vraiment, aucune révélation surprise ne met le spectateur en émoi. Il n’en reste pas moins que l’histoire manque de constance, malgré un effort scénaristique réel. Norbert Dragonneau devient bien plus courageux que dans ses débuts, nous dévoilant encore une facette du personnage. Mads Mikkelsen a un bon jeu d’acteur et limite considérablement le départ de Johnny Depp, dans le rôle de Grindelwald. Dumbledore reste Dumbledore, pas de grande surprise, prouvant ainsi que le titre de ce film n’est certainement pas le bon pour présenter cet opus.
L’accueil de ce troisième opus est plus que mitigé, et fait suite à de nombreux revers comme la Covid et les différents confinements et restrictions imposés à tous.
Qui plus est, le remplacement de l’acteur Johnny Depp, au pied levé, par Mads Mikkelsen, dans le rôle de Grindelwald, suite aux accusations de son ex femme Amber Head, pour maltraitance, violence conjugale, (lié aussi à la perte de son procès) n’ont pas aidé à l’accueil outre atlantique et ailleurs.
Afin d’en rajouter un peu, comme si cette franchise était maudite, ou qu’on lui avait lancé un mauvais sort, les accusations et problèmes juridiques autour de l’acteur jouant Croyance, Erza Miller, (qu’iel a été tour à tour accusé d’abus physiques et émotionnels sur une personne aujourd’hui âgée de 18 ans, puis de comportements inappropriés envers un jeune de 12 ans et encore plus récemment de détournement de mineur et d’être un prédateur sexuel), sont venus ajouter encore de la noirceur et un certain malaise autour de cette saga.
L’accueil du film est bien meilleur en Europe qu’en Amérique avec à ce jour 8.4M€ en Italie, se classant à la 3ème place des plus grands films de l’année, (4ème depuis le début de la pandémie). (7) De même en France, l’engouement est bien présent pour la franchise avec 317 000 entrées le 1er jour (le meilleur démarrage cinématographique en 2022), 1.13M d’entrée la 1ère semaine (pour les AF1 = 1.42M d’entrée et les AF2 = 1.65M d’entrées), la 3ème semaine atteignant alors 2.23M d’entrées (2.8M pour les AF1 et 3.0M pour les AF2). (7)
Cependant, en Amérique, dès la seconde semaine d’exploitation, cet opus enregistra une baisse de la fréquentation de 67%, passant de 53 M€ la semaine, à 14 M€ la seconde. La chute s’accentuant encore à la 3ème semaine, puisque cet opus se place derrière The Bad Guys et Sonic 2. (7)
Que peut-on en conclure ?
Suite aux controverses du dernier opus l’avenir de la franchise est-il compromis ? Pourra-t-elle sortir de cette tourmente et de cette rupture qui s’annonce claire entre les différents fans moldus de la franchise ? Est-ce que l’univers connaît un déclin irréversible, ou est-ce que J.K Rowling et les créateurs de l’univers cinématographique, les détenteurs des droits (La Warner) vont pouvoir proposer aux moldus quelque chose qui les feront vibrer comme aux premières heures de la saga Harry Potter, qu’ils soient lecteurs ou spectateurs ?
Rendez-vous dans un prochain article où nous tenterons d’y répondre.
Emma, Plume de La Plume.
Sources :
1- https://bit.ly/3NigbV
2- https://bit.ly/3OB7XJj et https://bit.ly/3nhaBI4
5-Saga cinématographique : les animaux fantastiques 2016-2018-2022
7- La plume papotte, de la plume de Poudlard.