Harry Potter Science ou Sorcellerie ? 

Harry Potter Science ou Sorcellerie ? 

[ANALYSE]

Harry Potter Science ou Sorcellerie ? 

Harry Potter Science ou Sorcellerie est un livre d’étude co-écrit par Mark Brake et Jon Chase, chacun spécialisé dans le domaine scientifique et ses diverses branches, notamment la communication et les savoirs associés, faisant un parallèle entre la science, l’histoire et la culture des civilisations. Tous deux sont des fervents défenseurs et acteurs de la vulgarisation scientifique.

Mais qu’est-ce donc ? 

La vulgarisation scientifique c’est selon le site vulgariscience.com (1), une façon simple de transmettre des informations techniques et scientifiques en utilisant une terminologie ainsi que des expressions plus nuancées, voire sous forme de métaphore, que tout le monde peut comprendre. La vulgarisation est donc avant tout une technique de transmission des savoirs qui vise à rendre la science compréhensive pour tout le monde. Les auteurs de vulgarisation scientifique font preuve de pédagogie pour rendre les informations compréhensibles pour un grand nombre de personnes qu’elles soient passionnées par les sciences ou simplement novices.

Pourquoi ce lien avec Harry Potter et l’œuvre de J.K. Rowling ? 

Les auteurs présentent leur projet d’étude comme un grimoire. Le livre, en lui seul, est attrayant au premier coup d’œil. Le rouge de la couverture ainsi que la page de garde et le résumé de la quatrième de couverture mettent en condition le lecteur et lui donnent envie d’en savoir plus. Du moins, de l’ouvrir et de regarder plus avant son contenu. 

En effet, à l’ouverture de l’ouvrage, l’intérieur de la couverture et de la quatrième de couverture, même si elles restent sobres et basiques, donnent une belle apparence de tapisserie autour de l’univers d’Harry Potter, faisant ainsi un lien avec celui-ci.  

La table des matières est, elle, conçue comme un véritable manuel scolaire qui est divisé en quatre grandes parties, traitant d’un sujet précis. Ces quatre thématiques sont séparées elles-mêmes en sous-chapitres qui vont servir à étayer la pensée des auteurs. 

Ce manuel pourrait très bien sortir de la bibliothèque de Poudlard, et le visuel nous est attractif par ses couleurs proches de l’univers de J.K Rowling. Le rouge n’étant pas sans rappeler la couleur de la maison Gryffondor puisqu’il représente le lion, tout comme la couleur “or” pouvant s’apparenter au Vif d’Or ou à l’autre couleur de cette même maison.

La construction de l’ouvrage : 

L’ouvrage est donc découpé en 4 grandes parties avec une thématique précise. Chacune d’entre elles est également composée de sous-chapitres traitant d’un sujet en lien avec l’idée générale de la partie à laquelle ils sont associés.

Chacun des sous-chapitres dispose d’un titre évocateur analytique, faisant un lien avec l’univers Harry Potter et ayant aussi sa propre illustration “magique”. Ces sous-chapitres sont écrits comme pour définir un fil conducteur simple autour d’une même idée, ou thématique. Chaque sous-chapitre est introduit avec une information, un sujet tout droit issu de l’univers Harry Potter, comme par exemple l’Astronomie à Poudlard. 

Les auteurs se servent alors d’informations littéraires ou cinématographiques de la saga pour illustrer et introduire leur analyse. Puis, ils mettent en place leur propre analyse scientifique autour de la thématique soulevée. 

Les auteurs puisent alors leurs sources dans l’histoire de l’humanité, de l’évolution scientifique et même de la philosophie telles que : l’origine de la matière et son importance, l’histoire concernant l’évolution de la perception des scientifiques tout au long de l’évolution même de l’humanité (étude sur le système solaire)…

Cette construction est adaptée à l’ouvrage puisqu’il est conçu alors comme une sorte de grand manuel de cours, qui aurait pu être facilement dispensé au collège Poudlard de la première à la dernière année, car les thématiques sont plus ou moins compliquées à comprendre au fur et à mesure de sa lecture. 

Que cherchent à démontrer les auteurs ?  Comment exposent-ils leur pensée scientifique ? 

Les auteurs tentent de faire un lien entre imaginaire et réalité scientifique. D’un point de vue plus simpliste, ils essaient de démontrer si ce qu’a conçu l’autrice J.K. Rowling peut exister scientifiquement, ou être conçu de façon scientifique dans le monde moldu d’aujourd’hui, ou dans son passé historique. 

Les auteurs nous exposent alors un sujet passionnant au fil des pages et nous apportent un point de vue souvent personnel, parfois avec un vocabulaire un peu trop scientifique pour des lecteurs novices ou peu attirés par le domaine des sciences. Ils mettent alors en lien leurs pensées avec l’univers de J.K Rowling, en fonction des thématiques choisies. Cependant, pour une raison inattendue, ce lien reste succinct et bien trop bref sur bon nombre de sous-chapitres et de thématiques abordées. En effet, les auteurs prennent subitement une autre direction dans leur cheminement intellectuel, stoppant alors assez abruptement le lien avec la saga et menant alors le lecteur dans une toute autre direction. (Exemple du chapitre de la légende des 3 frères.)

Leur étude se porte également sur d’autres sujets traités avec beaucoup plus d’informations issues du domaine historique et légendaire, que scientifiques pures. Ces notions sont alors plus accessibles à la compréhension du lecteur. En effet le sous-chapitre sur Merlin l’enchanteur en est un bon exemple. Cependant, au fur et à mesure de la lecture, et malgré de bonnes sources, le fil conducteur se retrouve à nouveau décousu et nous ne savons pas où les auteurs veulent emmener le lecteur. 

Comment comprendre alors leur raisonnement ? 

Tout comme n’importe quel manuel scolaire qui peut sembler incongru au premier abord, il convient d’étudier plus en avant chacune des parties pour tenter de comprendre la pensée scientifique et analytique de ces auteurs. Or, pour comprendre leur cheminement tout au long de cet ouvrage, il convient d’analyser succinctement chacune des 4 parties pour se faire une idée plus précise de ce que ces auteurs souhaitent dévoiler : 

A: La première partie est intitulée “Philosophie Magique”.

Elle aborde de façon sommaire la pensée philosophique selon laquelle la science pourrait être limitée, si l’esprit cartésien reste figé. Cette première étude est composée de 10 sous-chapitres dont certains sont plus attrayants et mieux construits que d’autres. 

Les auteurs abordent des faits qui sont à la fois historiques et scientifiques en faisant, comme dit précédemment, un faible lien avec l’univers Harry Potter. Ils tentent de répondre à certaines thématiques scientifiques bien concrètes, comme la conception même de l’univers, le bien fondé de l’utilisation des matériaux… Mais le lien historique fait assez régulièrement surface notamment quand ils parlent et dénoncent l’avènement du faschisme et les règles associées sur 14 caractéristiques qui permettent d’étayer leur hypothèse en faisant un lien avec les Mangemorts de l’Univers Harry Potter. 

A cette lecture, on ne voit pas trop le lien avec la science pure comme ils l’abordent au départ, si ce n’est la science “politico-historique”. De ce fait, lorsque les auteurs expliquent les differentes thématiques qu ils abordent, en tant que lecteur le sentiment que l’on  ressent est de rester sur notre faim. En effet, au lieu de bien appréhender chaque thématique,  il apparaît : 

  • que l’auteur n’a pas été au bout de sa pensée, ou que le sujet n’entre plus réellement avec le thème qu’il a présenté au départ. Apparaît alors un simple sentiment de passer à côté d’un fait plus important.

 

B : La seconde partie est intitulée  : “Ruses et gadgets techniques”.

Composée aussi de 10 sous-chapitres, cette partie aborde la thématique suivante en soulevant une simple question :

  • Est-ce que la science peut recréer les accessoires, sorts et objets incontournables de la saga Harry Potter ? (pendule des Weasley, la carte du maraudeur, la dangerosité d’un balai volant…) 

Bien que prometteuse au départ de la lecture, et instructive car le lien avec l’univers est un peu mieux représenté que dans la première partie, celle-ci reste parfois trop technique, trop lourde dans les descriptions. Seul un passionné pourra y trouver son bonheur tant il est parfois difficile de se concentrer sur les théories ou explications scientifiques trop détaillées (exemple du sous-chapitre sur le sortilège de réduction, ou celui des boules de feu, du conte des trois frères avec l’hypothèse de la Conjuration VS la métamorphose, qui restent trop techniques pour un simple novice…) 

Parallèlement, il y a des sous-chapitres peu convaincants ou traités bien trop rapidement, comme le sous-chapitre sur l’horloge de la famille Weasley, qui est bref, et plus orienté sur des suggestions et non des faits ; tout comme celui des portraits mouvants où le lien avec la peinture et l’art se mêle au GIF, avec une explication bien trop succincte, parfois peu claire, faite de doute… Le lecteur ira donc chercher l’information ailleurs pour tenter de mieux comprendre les hypothèses des auteurs.

C : La troisième partie est intitulée  Botanique, zoologie et potions. 

Cette partie est composée de 11 chapitres traitant de thèmes aussi variés que le bézoard, l’occlumencie, le philtre d’amour, les dragons,… Cette partie est celle qui semble la plus approfondie et la mieux exploitée face à l’Univers d’Harry Potter de J.K. Rowling. Le lien avec la saga est mieux exploité, du moins sur les trois quarts de l’analyse de cette partie. 

La lecture est plus fluide et facile à comprendre, le lecteur ne perd pas son “chemin” dans l’intellect parfois compliqué des auteurs. 

Parallèlement, les derniers chapitres semblent peu adaptés à la thématique de cette partie. Notamment quand les auteurs mettent en avant des questions à contre-courant telles que celles sur les pigeons qui seraient les meilleurs amis des sorciers et non les chouettes, ou la question sur la véracité ou non de la croyance des Mangemorts pour le sang pur. Ces chapitres viennent “casser” l’idée de base que les auteurs nous démontrent dans cette partie, comme si des sous-chapitres y avaient été insérés pour lui donner plus de consistance. Ce qui semble à priori le cas puisque le tout dernier chapitre de cette partie aurait pu aussi bien être intégré dans la première partie de l’ouvrage plus adaptée à la pensée philosophique. 

D : La quatrième partie est intitulée Pot-Pourri Magique

Cette partie est également composée de 11 sous-chapitres et ressemble à un mélange hétéroclite d’idées. En une expression simple, les auteurs ont rassemblé dans cette partie les idées qui ne “collent” pas avec la thématique des trois autres parties mises en avant précédemment. Cependant, certains de ses sous-chapitres auraient eu leur place dans les autres parties, comme les sous-chapitres sur la cape d’invisibilité et les baguettes magiques. 

Comme son nom l’indique, on trouve de tout dans cette partie, théories philosophiques, science, lien avec la saga Harry Potter, lien avec d’autres univers fantastiques tels que le Seigneur des anneaux. Les théories et analyses s’enchaînent, et finissent par se perdre machinalement dans la pensée des auteurs. Tout comme son titre, ces analyses, n’entrent pas totalement dans le cadre des précédentes parties, et sont donc mises dans la partie Pot-Pourri Magique.

Que doit-on en conclure ?  

Bien que parfois compliqué à la compréhension et à la lecture, notamment sur la logique analytique des auteurs, cet ouvrage ne manque pas d’attraits et de sources scientifiques, historiques et philosophiques intéressantes. Il est idéal pour les adolescents passionnés de sciences. Le novice lui, sera parfois un peu trop déconcerté ou noyé dans les méandres du vocabulaire parfois compliqué. 

Quant au lien avec l’univers Harry Potter, il est bien trop éphémère ou peu abouti selon les thématiques posées. Les auteurs ont juste utilisé des idées simples et sommaires pour appuyer leurs théories sans aller chercher plus avant réellement. Ils ne répondent que partiellement à la question qu’ils soulèvent dans le titre, puisque tout ne peut pas être expliqué scientifiquement.  

Peut-être est-ce juste un moyen d’attirer un lectorat qui n’aurait pas forcément été inspiré par cet ouvrage s’il s’était intitulé d’une autre manière sans mentionner Harry Potter. 

La barrière reste certes étroite entre l’imaginaire et la vérité que l’on sait aujourd’hui, cependant, tout n’est pas forcément bon à analyser, ou à trouver une corrélation avec un univers en particulier. 

Cet ouvrage n’en reste pas moins intéressant et d’une qualité scolaire primaire qui peut ou ne peut pas inspirer les lecteurs en fonction de leur propre intérêt envers la science humaine, philosophique, historique et scientifique. 

A vous de vous faire votre propre idée. 

Emma de la plume de Poudlard

Source : Harry Potter Science ou sorcellerie ? de Boeck Supérieur, auteurs Mark Brake et Jon Chase, 2019.

1-https://bit.ly/3TgLMuB 

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