Harry Potter ou l’anti Peter Pan. Pour en finir avec la magie de l’enfance

Harry Potter ou l’anti Peter Pan. Pour en finir avec la magie de l’enfance

[CRITIQUE LITTÉRAIRE]

Harry Potter ou l’anti Peter Pan
Pour en finir avec la magie de l’enfance

Sorti en 2007, chez Fayard Édition, écrit par l’auteur Isabelle Cani, Harry Potter ou l’anti Peter pan est un ouvrage d’étude divisé en quatre parties.

L’étude en elle-même qui se dessine sur 278 pages, composées de 7 chapitres, faisant référence au 7 horcruxes.
D’un lexique des termes des sorciers et d’un répertoire des personnages d’une dizaine de pages, permettant au lecteur de s’y retrouver plus facilement.
De notes de référence sur 25 pages, permettant d’approfondir encore plus l’étude.
D’une table des matières de 3 pages.

Un ouvrage prometteur :

L’ouvrage Harry Potter ou l’anti Peter Pan, débute avec une ouverture faisant office d’une mise en bouche philosophique sur l’oeuvre de J.K Rowling, comme étant un paradoxe complexe et différent de l’oeuvre de James Barrie qui créa l’ouvrage de Peter Pan (1) éditée en 1911.
Elle y développe les raisons du succès de J.K. Rowling avec Harry Potter, semblable à Stephen King, qui pour un jeune auteur éditant son premier roman, aurait eu la préconscience à analyser dès l’écriture de son ouvrage que sa saga, répartie en 07 tomes connaîtrait un succès fulgurant.

De la littérature jeunesse à la littérature Adulte

Isabelle Cani dévoile que la saga Harry Potter est avant tout, à ses débuts, de la littérature jeunesse, comme le sont les ouvrages d’autres auteurs de grands nom : C.S Lewis (Le Monde de Narnia – 2) James Barrie (Peter Pan- 1) ) Antoine de Saint Exupéry (Le petit prince -3 ). Cependant, Isabelle Cani avance que J.K Rowling aurait défié les codes standards de la littérature jeunesse, pour permettre à son ouvrage de braver les conventions et de le transposer ainsi au fur et à mesure des livres vers la littérature pour adulte.

Selon l’auteure de Harry Potter ou l’anti Peter Pan, le mystère de cette transposition résiderait dans les messages subtiles et complexes que véhiculerait J.K Rowling à travers son œuvre. Selon l’auteure, ces messages s’adresseraient aussi bien aux enfants qu’aux adultes, parlant ainsi au plus grand nombre de ses lecteurs.

Cependant, elle soulève un point crucial mettant en avant que James Barrie à lui aussi apporter des messages s’adressant aussi bien aux enfants qu’aux adultes et touchant ainsi autant que J.K Rowling.

Cependant, à l’inverse de J.K Rowling, James Barrie, et son ouvrage Peter Pan, préconisent le bonheur de rester à jamais enfant, innocent, loin de la dualité du monde adulte. En effet dans cette ressemblance, où la magie opère, où le merveilleux s’affronte, où les antagonistes sont cruels et n’hésitent pas à tuer pour réussir, James Barrie, avec Peter Pan, met en avant le refus de grandir, le rêve de tout à chacun de rester à jamais enfant, loin des préoccupations et des dangers du monde adulte.
Selon Isabelle Cani, la différence avec la saga Harry Potter, c’est que J.K Rowling mettrait en avant la nécessité de grandir, de faire face à sa vie, aux épreuves qu’elle apporte dans les traits d’un petit garçon de 11 ans. Celui-ci au fil des 7 tomes de la saga, va petit à petit grandir pour atteindre ses 17 ans, s’échapper du monde de l’enfance, pour évoluer, accepter son destin et ainsi démontrer le fait que rester enfant n’est pas une solution aux problèmes qu’il va rencontrer.

Cette ouverture magistrale apporte une mise en bouche intéressante de l’ouvrage, nous incitant à poursuivre l’étude de cette autrice qui s’appuie sur de nombreuses œuvres plus ou moins célèbres afin d’étayer sa théorie.
Selon Isabelle Cani, J.K Rowling ne délivrerait pas le message selon lequel pour mieux vivre dans le monde des adultes, il serait nécessaire de s’enfermer dans le monde de l’enfance, où la magie règne et est vecteur de plaisir, de beauté, de miracle. Mais, qu’il serait nécessaire aux enfants d’accepter de grandir, de faire face à la vie, pour affronter la dualité de celle-ci.

Les 7 chapitres : analyse d’une étude

Au travers de son étude, Isabelle Cani, dans son ouvrage Harry Potter ou l’anti Peter Pan, dévoile durant sept chapitres, différentes théories, et analyses selon lesquelles J.K Rowling a créé un ouvrage semblable à celui de James Barrie avec Peter Pan.
On y retrouverait, selon l’auteur, le monde de l’enfance, s’échappant du monde adulte pour atterrir dans un univers féerique, montrant tour à tour la dureté du monde adulte.

Cependant, elle y apporte des différences d’écriture en dévoilant que si Barrie préconise de rester à jamais enfant, Rowling, elle, démontre la nécessité de grandir.
Isabelle Cani égaye sa théorie sur un fond de certitude qui lui est propre, en prenant soin d’étudier les axes d’écritures liées à la littérature jeunesse. Elle utilise comme support de comparaison de grands ouvrages de cette littérature (1-2-3) et démontre
un à un la différence de façon de penser et d’écrire de chacun de ces auteurs face à J.K Rowling, plus encline à faire évoluer ses personnages vers le monde des adultes.

Isabelle Cani va aussi plus loin dans sa réflexion, démontrant par le biais d’autres ouvrages de la littérature adulte : tels que Tolkien avec le Hobbit (4), Peter Pan de Loisel (5) que sa théorie selon laquelle Harry Potter défie tous les stéréotypes de la littérature jeunesse n’est pas sans fondement.

Parfois les comparatifs font sens et nous dévoilent que oui, l’univers d’Harry Potter part du monde de l’enfance, avec la magie, les personnages fantastique, mais aussi de part les comportements des personnages, leur caractère, leur immaturité, leur sensibilité, leur âge, leur passé, pour grandir au fil des ouvrages vers la maturité nécessaire pour devenir adulte. Ceci est contraire au roman de James Barrie qui préconise l’inverse, où les enfants quittent le monde des adultes pour rester à jamais dans la magie de l’enfance.

Que l’on soit d’accord ou pas avec Isabelle Cani, l’ouvrage Harry Potter ou l’anti Peter Pan, est un livre d’étude bien documenté, argumenté. Les analyses semblent cohérentes et soutenues avec des exemples constructifs qui soulèvent parfois des questions sur l’œuvre de Harry Potter auxquelles seule l’auteure J.K Rowling pourrait répondre.

Isabelle Cani démontre que malgré le fait qu’Harry Potter soit destinée à la littérature jeunesse, J.K Rowling défie tous les rouages de celle-ci pour insérer le monde des adultes et sa complexité au sein de l’histoire. Elle y ferait référence aux besoins d’avoir des règles, des lois, des contraintes, qui sont nécessaires pour le bon fonctionnement de la société. Ceci est contraire aux stéréotypes de la littérature jeunesse qui prôneraient, selon Isabelle Cani, l’inverse, c’est-à-dire que finalement les règles établies dans ses ouvrages seraient contraires aux règles du monde adulte.

Selon l’auteure, J.K Rowling dévoile la nécessité d’affronter la vie actuelle, de ne pas céder à la facilité de l’immaturité de l’enfance, ou même de la mort elle-même. Selon Isabelle Cani, J.K Rowling, par sa saga Harry Potter, révélerait que même la mort n’est rien face à la difficulté de devenir adulte, mais que quelque part il est quand même nécessaire de garder son âme d’enfant bien enfoui.
Isabelle Cani avance donc que J.K Rowling défierait à travers ses ouvrages tous les messages véhiculés par les autres auteurs de littérature jeunesse, faisant d’elle l’exception en permettant à son œuvre de toucher toutes les générations confondues.

Conclusion : le besoin de changement

Isabelle Cani conclut son étude selon l’idée préconçu et qui lui est propre que J.K Rowling dénoncerait la société actuelle comme étant infantile, cruelle, immature, plongée dans l’enfance, faisant l’apologie de l’enfant roi, par l’attrait du pouvoir et de la domination. Elle avance que l’auteure d’Harry Potter dévoile la nécessité de se résigner à devenir adulte pour affronter sa vie sans avoir peur de la mort, même si pour cela il faut quitter le monde de l’enfance.


Point de vue :

L’ouvrage est intéressant tant par les idées de l’auteure que par sa façon de démontrer avec bienveillance son ressenti tout en puisant son inspiration dans des œuvres de renom. L’ouvrage est parfois redondant et les explications tournent toujours autour de la même thématique : le fait de grandir ou de ne pas grandir, d’affronter la vie ou de rester à jamais enfant.
Il est aussi regrettable qu’elle puise ses références uniquement dans des ouvrages du début et milieu du XXe siècles où les mœurs et la vie étaient bien différentes de notre époque où les pensées et la manière d’écrire de la littérature jeunesse peuvent différer.
Mais cela n’enlève en rien la qualité et l’intérêt de l’œuvre d’Isabelle Cani qui apporte avec justesse des éclaircissements et un point de vue intéressant sur la saga Harry Potter de J.K Rowling.

Emma Plumette à la plume de Poudlard.


Sources :
E.Leclerc : https://bit.ly/3S9xFc8
Gallimard Jeunesse : https://bit.ly/45GVtar
E.Leclerc: https://bit.ly/3Qrnc9R
E.Leclerc : https://bit.ly/3Q56fBD
E.Leclerc: https://bit.ly/493cCOu

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