[ANALYSE]
Albus Wulfric Perceval Brian Dumbledore, pourquoi tant de secrets ?
Albus Dumbledore connu dans l’univers de la saga Harry Potter et les Animaux fantastiques comme étant le plus grand sorcier de tous les temps : celui qui a vaincu Grindelwald et qui a réussi à s’emparer de l’emblématique baguette de Sureau. Malgré cela, nous en savons très peu sur lui, J.K Rowling créant autour de lui tout un voile mystérieux. Aussi il est normal de s’interroger et de se demander ce qu’il cachait comme secrets et quelles furent ses raisons pour qu’il ne se dévoile pas un peu plus envers Harry Potter, qui fut pendant longtemps son protégé.
Dans son œuvre magistrale, l’auteure nous dépeint un grand homme, respecté, craint mais surtout reconnu par ses semblables, aussi bien par ses amis que ses détracteurs. Mais le mystère autour de lui reste entier. Peut-être que nous en apprendrons plus sur Albus Dumbledore dans le prochain volet des Animaux Fantastiques : Les secrets de Dumbledore, qui sortira en salle le 13 avril 2022. En attendant le troisième volet de la saga pour découvrir tous ces secrets, si la franchise des Animaux fantastiques dépeint un Dumbledore plus jeune (peut-être moins sage), il n’en reste pas moins mystérieux. Que l’on prenne en compte les livres comme les films, il apparaît parfois distant, rêveur et plongé dans ses secrets qu’il ne souhaite pas dévoiler (ou qu’il va révéler en temps voulu). Il semble même un peu manipulateur dans sa manière d’agir. Prenons l’exemple d’une description visuelle de l’auteure dans “Harry Potter et La coupe de feu”. Lorsque Harry révèle à Dumbledore ce que lui confie Voldemort sur le fait de lier son sang au sien, l’auteure nous dit qu’Harry croit déceler dans le regard de son mentor une lueur de triomphe. Or, cette perception est si rapide qu’il pense avoir rêvé. En tant que lectrice, je n’avais pas fait attention à toutes ces petites descriptions, car avant tout, Dumbledore est très paternel avec Harry : il le forme, le guide, le réprimande lorsqu’il n’agit pas convenablement, le tout en lançant des phrases philosophiques qui tranchent irrémédiablement avec le ton de l’histoire.
Tout au long de ce récit, nous constatons donc qu’Albus Dumbledore a plusieurs facettes. C’est quelqu’un d’incompris, d’énigmatique, de réfléchi. Il ne prend pas de décisions sans en avoir peser avant toutes les conséquences. Nous le constatons dès le premier tome de la saga : Harry Potter à l’école des Sorcier. Pour rappel, Albus Dumbledore laisse Harry, sur le pas de la porte des Dursley : des êtres d’une grande malveillance et très peu tolérants à l’égard des gens « anormaux » comme ils le disent assez souvent. Albus Dumbledore souhaite qu’il grandisse loin de la célébrité et du monde des sorciers, même si cette action déplait fortement au Professeur McGonagall. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas être retourné le chercher et lui annoncer lui-même qui il était ? Certes ce fut pour le préserver, et en insistant auprès de sa tante Pétunia, pour lui donner un toit où il serait à l’abri d’éventuelles attaques jusqu’à sa majorité de sorcier. Mais je ne pense pas que c’était uniquement pour cela. A mon avis Albus Dumbledore souhaitait également lui faire prendre conscience de la véritable valeur de la vie et de la nature humaine. Il est facile de grandir en étant une « célébrité », comme le dit si bien Severus Rogue, mais il est plus difficile d’affronter les aléas de la vie, de s’en sortir et de se faire de véritables amis.
Par ailleurs, Albus Dumbledore est très philosophe et ses mots sont comme une lumière nous amenant à réfléchir. On comprend mieux certaines de ses décisions à l’encontre de son protégé Harry Potter quand, il annonce à la fin du 5e tome : Harry Potter et l’ordre du Phénix, la destinée de Harry et ce pourquoi il a fait ce qu’il a fait au cours des 5 dernières années, en veillant sur lui et en l’observant devenir le sorcier qu’il est. Mais malgré toutes ses décisions, qui peuvent être contestables pour certains ou grandioses pour d’autres, et de sa prise de conscience de sa vieillesse, et du fait que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom se rapproche de lui et de Harry Potter, il reste volontairement énigmatique. Oui ! Albus Dumbledore protège Harry Potter, oui ! Il lui dévoile tous les secrets entourant sa destinée, mais il attend que celui-ci soit prêt à les entendre et à les accepter. D’ailleurs c’est à la toute fin que Harry Potter prend pleinement conscience qu’il est un Horcruxe. A aucun moment Dumbledore ne l’en informe, c’est un peu comme s’il ne pouvait se résigner à le lui apprendre. Cependant, que ce soit le héros de l’histoire ou les simples lecteurs que nous sommes, nous ne savons pas grand-chose sur Albus Dumbledore. Et à quoi bon. La question sur ce qu’il est réellement viendra bien plus tard, après le 6e tome : Harry Potter et le Prince de sang mêlé, quand celui-ci sera tué par Rogue. Et c’est là que le rôle de l’auteure est intéressant philosophiquement, car malgré le fait que l’on ne sache pas grand-chose de cet illustre sorcier, on l’admire, on désire qu’il guide toujours son protégé, et on désire percer ses mystères.
Mais alors pourquoi, lorsqu’il se savait mourant, Dumbledore n’a-t-il pas révélé ses secrets, qui furent en partie plus ou moins déformés et révélés par Rita Skeeter et dévoilés à nous lecteurs dans le dernier Tome de cette saga : Harry Potter et les Reliques de la mort ? Pourquoi n’a-t-il pas révélé directement ce qu’il soupçonnait caché en son être à Harry Potter ? Peut-être par crainte aussi que Lord Voldemort ne s’en serve pour l’atteindre lui et retourne à son avantage ce que Dumbledore avait préparé toutes ces années pour l’anéantir. Cette connexion qu’il savait être entre Harry et le Maître des Ténèbres étant présente jusqu’à la fin, je ne pense pas qu’ Albus Dumbledore eut voulu mettre en danger son plan, Harry Potter et son désir de mettre un terme une fois pour toutes aux agissements de Lord Voldemort. Qui plus est, même si dans le dernier tome on en apprend plus sur cet illustre sorcier par l’intermédiaire des lectures d’Harry Potter, ce n’est que pour dévoiler l’existence des différentes reliques et offrir à Harry Potter et ses amis des pistes de réflexion sur les différents Horcruxes et la possibilité de les trouver. Certes, l’auteur nous dévoile des moments important de la vie de Dumbledore comme la mort de sa soeur, son lien avec Grindelwald, l’emprisonnement de son père, qui nous donnent l’envie d’en apprendre plus sur le directeur de Poudlard, mais cet intérêt s’estompe au profit de la quête d’Harry Potter qui est le fil conducteur de l’histoire.
Je pense que le but ultime d’Albus Dumbledore, fut de permettre à Harry Potter de comprendre qui était son véritable ennemi et comment parvenir à le détruire. Il n’a pas eu le temps de lui donner toutes les indications nécessaires aussi puisque son temps à lui était compté. Mais malgré cela, malgré tout ce que l’on peut apprendre ou spéculer, il est indéniable de penser que derrière toute cette histoire, Albus Dumbledore eut quand même une fascination quasi paternelle pour Harry Potter et obsessionnelle pour Voldemort. Nous ressentons dans l’expression du directeur, notamment à travers la lecture du 4e tome : Harry Potter et la coupe de feu, un intérêt vif lorsque Voldemort a retrouvé son apparence grâce au sang de son protégé. Même Harry constate en son regard une attitude qu’il ne lui connaît pas, mais elle est rapide et s’évapore en un éclair. Et c’est également intéressant de découvrir que, tout au long de l’histoire, Dumbledore a agi de la même façon avec Severus Rogue. C’est comme s’il avançait ses pions sur un énorme échiquier et que sa stratégie allait finir payante, agissant pour le plus grand bien. De même la réaction si bien construite dans les films où notre professeur des potions antipathique signifie sa désapprobation quant au destin réservé à Harry Potter. On prend conscience à ce moment-là que Dumbledore l’a manipulé lui aussi, l’amenant à aimer le fils de celui qu’il haïssait plus que tout. Tout se dévoile alors en un plan parfait qui n’aurait pas fonctionné aussi bien si Harry Potter avait su toute la vérité sur ce professeur qu’il aimait comme un père.
Pour conclure, si Albus Dumbledore avait révélé la véritable destinée de Harry Potter à l’intéressé, s’il lui avait dévoilé ses sombres secrets, notamment son implication dans la mort de sa soeur Ariana — les détails qui conduisirent à l’emprisonnement de son père, ses liens étroits avec Grindelwald qui fut un Sorcier aussi cruel que Voldemort —, peut-être que la confiance qu’éprouvait Harry pour lui aurait été remise en question et qu’alors l’histoire ne serait pas celle que nous aimons et qui en fit un succès. Il n’en reste pas moins que J.K Rowling a créé un personnage qui inspire le respect, amène à la réflexion, nous recentre vers des valeurs profondes et nous fait prendre conscience que dans la vie tout est possible.
Et vous qu’en pensez-vous ?
Emma, hibou de la Plume de Poudlard
Sources :
œuvres littéraires intégrales Harry Potter tome 1 à 7, Gallimard jeunesse éditions 1998,1999,2000,2003, 2005 et 2007.
Wizardingworld.warnerbros.fr : https://bit.ly/3rxeH2b
